Le temps d’une vie
Du 6 juillet au 17 septembre
Carolle Benitah est une photographe qui a débuté sa carrière au début des années 2000. Sa pratique photographique est née de profondes remises en question personnelles et d’une prise de conscience de la fragilité de la vie. La photographie est devenue pour elle une béquille existentielle, lui offrant un nouvel organe de sens face à une réalité complexe.
Son travail se concentre sur l’intime, explorant les thèmes de la famille et du passage du temps. L’exposition « Le temps d’une vie », présentée au Carmel de Pamiers, dévoile ses recherches autour de la déconstruction d’un mythe idéal lié à la famille.
Carolle Benitah mélange différentes séries photographiques dans cette exposition. La série « Photos Souvenirs » transforme des photographies issues de ses archives familiales en utilisant la broderie. Ce travail minutieux évoque les conflits, le drame et la douleur, donnant vie à l’histoire familiale occultée dans les photographies originales.
Une autre série, « Jamais je ne t’oublierai », présente des photographies anonymes où l’identité des personnes représentées est dissimulée par une intervention à la feuille d’or. Cette série explore la perte d’identité et le trou de mémoire qui touchent chaque individu.
En parallèle, les « Maisons-États », des fragiles constructions en carton sans fenêtre, porte ni fondation, symbolisent l’enfermement mental. Cette juxtaposition met en lumière la tension entre la sécurité du cocon familial et le sentiment d’étouffement qu’il peut engendrer.
Carolle Benitah adopte une approche protéiforme de la création en utilisant des objets du quotidien tels que des napperons, des mouchoirs brodés ou des torchons. Elle ajoute des phrases tirées de chansons populaires ou de rêves romantiques de jeunes filles pour dénoncer les clichés de la sentimentalité. À travers ces objets triviaux, elle renverse la hiérarchie des arts.
L’exposition présente également les peintures d’Anna Nathalie Cohen, une artiste invitée, qui travaille à partir de photographies anonymes représentant des groupes de femmes. Ces œuvres soulignent la pression sociale et le besoin de se conformer à un modèle préétabli.
Pour Carolle Benitah, l’art est une catharsis, une manière de surmonter les épreuves et de transcender les tumultes intérieurs. En transformant les traces du passé, elle modifie sa vision du monde et invite les visiteurs à une réflexion profonde sur la vie et l’identité.
