Suggéré par Virginie
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c’était il y a 80 ans, le 18 août 1944.

L’armée allemande envahit l’Ariège dans la nuit du 11 au 12 novembre 1942.

À Pamiers, elle occupe l’ancien petit séminaire rue des Jacobins tandis que les officiers de la Gestapo réquisitionnent une partie de l’hôtel de la Paix, place des Vékisses.

Durant cette période trouble, les résistants appaméens lancent plusieurs offensives.
  • 8 janvier 1943 attentat contre l’Office de Placement allemand,
  • 10 septembre sabotage à la centrale électrique de l’usine,
  • 24 décembre de la même année, des FTP font sauter les pylônes et la pompe à eau.
Après le débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie, les attentats et sabotages se multiplient dans le département.

Partisans et maquisards mènent des opérations de guérilla un peu partout.

  • 2 juin sabotage de pylônes ferroviaires.
  • 5 juin 1944 le maquis FTP de Vira occupe l’usine. 50 charges d’explosifs sont déployées. Les dégâts sont importants, elle reste fermée 3 jours.
  • 8 juin 1944 attaque de l’école de gendarmerie où s’installera quelques jours après, le 14, l’école régionale de la Milice.
Arrêté le 18 juin 1944 par la Gestapo, le docteur Rambaud, maire de Pamiers, « démissionné d’office » par les autorités de Vichy en février 1943, est déporté à Buchenwald le 31 juillet. Il y meurt le 2 octobre.

Le 15 août, un nouveau débarquement allié a lieu en Provence, ce qui précipite le départ des forces allemandes vers ce nouveau front.

Les mouvements syndicaux, les organisations de la Résistance s’unissent pour libérer les villes de l’Ariège de l’occupant. La décision de libérer Pamiers est actée par les forces de la Résistance armée, FTP, FFI, guérilleros et l’Armée Secrète pour le vendredi 18 août.

Ce jour-là, à 8 h 30 la grève générale est déclenchée à l’usine. Tract et affiches sont imprimés et distribués en ville. A 10 heures, les premiers collaborateurs sont arrêtés. Les Allemands ont évacué la ville la veille. Ceux encore en poste partent en fin de matinée.

Vers 15 heures, les maquisards entrent en ville. La population, en liesse, les acclame haut et fort. Ils défilent dans les rues, assis sur des tracteurs.
La Poste, la sous-préfecture et la mairie sont occupées.
Pamiers a été libérée sans combat. Le Tribunal du peuple est créé au lendemain de la Libération. Des hommes et femmes seront jugés et certains exécutés. Ce tribunal sera supprimé le 31 août.

Le 18 août, le socialiste Joseph Cerny, contremaître de l’usine, est nommé maire de la ville en attendant des élections municipales. Il tiendra un discours dans la cour de l’hôtel de ville devant plusieurs centaines de personnes.
Le 27 août, les enfants de Pamiers profitent d’un goûter offert sur l’esplanade de Milliane, une prise d’armes a lieu le 3 septembre au Monument aux Morts, la Société Philharmonique donne un concert le 1er octobre.
Le 4 octobre, les obsèques des douze maquisards tués à Roquefixade se tiennent à la cathédrale.
Après les années sombres de l’occupation et les moments de liesse et de bonheur de la Libération, les Appaméens retrouvent une vie presque normale. En effet, les restrictions resteront imposées jusqu’en 1947-1948. Les cartes de rationnement ne disparaîtront officiellement qu’en 1949.
Les combattants et déportés reviennent, le carré militaire est créé au cimetière St Jean pour honorer ceux qui sont morts pour la Patrie. La lanterne de la Résistance est inaugurée en 1946.

De nouvelles élections municipales sont organisées en avril 1945. Deux femmes siégeront au conseil en tant que conseillères sur la liste élue de Emile Daraud, nouveau maire de Pamiers.

Une nouvelle ère s’ouvre alors pour la ville aux Trois Clochers.

QUE RACONTENT NOS ARCHIVES ?

Photographies de la Libération de Pamiers
(août 1944, archives départementales de l’Ariège (fonds Claude Delpla), 64 J 257).

Une cérémonie publique se tiendra au monument de la Résistance (cimetière Saint-Jean)
le 18 août 2024.

Discours du maire, prononcé par Pauline Quintanilha, adjointe au maire.

«Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeille

Voilà ce qu’a été la Résistance, une somme d’obstination et de sacrifices individuels qui est tout entière dans cette citation de l’écrivain Jean Paulhan.

On dit que les Forces françaises de l’intérieur comptaient en Ariège il y a 80 ans 1500 combattants, ce qui est énorme pour un département aussi peu peuplé.

Loin de la Normandie et de la Provence où venaient d’avoir lieu les débarquements alliés, ils ont libéré l’Ariège tous seuls, avec ceux – les Républicains espagnols notamment – dont ce n’était même pas le pays mais qui se battaient pour la même idée.

C’est la passion pour cette idée-là qui a libéré Pamiers.
Ainsi le 18 août à Pamiers n’est pas que l’anniversaire de la Libération. Il est surtout un hommage à ceux qui se sont battus. Ils sont notre honneur et ces 80 ans de paix et de bonheur simple que nous avons connus depuis sont leur héritage. A eux la reconnaissance éternelle de la ville pour leur courage et leur espérance inépuisables.

Le grand résistant Gabriel Péri, dont la rue principale de notre ville porte le nom, Gabriel Péri emprisonné par les Allemands, puis fusillé, écrit dans sa lettre d’adieu :

« Je suis content. Nous préparons les lendemains qui chantent »

Il avait raison même si peu de gens le croyaient alors, nous n’étions qu’en décembre 1941

Quels que soient les précipices vers lesquels notre pays aime bien courir les yeux fermés, il faut quand même admettre qu’en France la liberté est comme chez elle. Il se trouve toujours quelques-uns pour la garder vivante même quand d’autres s’abîment dans la compromission.

Ici résonne et résonnera toujours le cri de la République. C’est cette idée-là qui doit nous unir, comme elle a uni les libérateurs de la ville il y a 80 ans.

Et tous les 18 août, c’est sa victoire sans cesse renouvelée que nous venons commémorer ici.